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Pierre Fumin
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''Il'' était seul. Seul, las, et son long corps squelettique s'étendait sur le lit. Avec sa peau immaculée, ''il'' ressemblait à un véritable cadavre bordé aux bras de la morgue. Son pied droit, nu et osseux, se promenait sur le rebord froid de son lit en bois. Pourtant, pas un frisson ne parcourait l'échine de son propriétaire. Toujours inerte, toujours droit comme un « i ». Le drap bleu nuit connut ensuite un léger froissement quand ''il'' décolla sa jambe gauche pour la frotter à l'autre. Sa main gauche se projetait vers une des poches de son jean. Tel un grappin, elle fouilla, remua et trifouilla avant d'extirper un stylo bille, légèrement mordu à l'extrémité. D'un coup, ''il'' se retourna pour s'asseoir. Comme un marin submergé par sa voile avec son t shirt blanc, ses membres s'agitaient, lutant contre ennemi invisible. Être vêtu de la sorte le poussait dans ses retranchements. La sensation que ses vêtements tentaient de prendre son contrôle le désorientait. Des picotements se faisaient sentir au niveau de ses épaules et cela l'agaçait prodigieusement. Alors ''il'' souleva son t shirt avec hâte tout en tremblant d'impatience. L'aversion contre l'habit le forçait à employer des gestes amples et maladroits. Soupir. Enfin, la sensation d'être libre de ses mouvements le revigorait. Pris au bout de ses doigts noueux, le t shirt fut jeté sur le rebord du lit comme s'il s'agissait d'un détritus. Pas un pli ne se forma au niveau de son ventre lorsque son dos bascula vers l'avant. Le chemin duveteux qui menait à son nombril frémit ; l'air automnal s'emparait des locaux peu isolés. Son torse nu dévoilait à quel point ses côtes devenaient parfaitement visibles mais personne ne s'en préoccupait. La minceur était la norme, après tout. Il passa sa main gauche contre son cou et ne put s'empêcher de sursauter en sentant la marque d'un suçon. A quand remontait-il ? Hier, sans hésitation, où l'exploit du jour avait été de sortir de sa tanière. Où ? Dans cette soirée minable dans la ferme de Léon Créac'h où se mêlaient lycéens, ivrognes et d'autres hurluberlus gobant des cartons de LSD. Pourquoi aller là-bas ? Peut-être pour se sentir vivre, mais cela n'avait rien changé. L'essentiel ne change jamais, après tout. Puis, son absence aurait peut-être été remarqué et les remarques auraient fusé, or, cette idée le repoussait. Et avec qui ? Apparemment, une fille était passée sur sa route ; mais aucun souvenir ne permettait de lui attribuer un nom ni même un visage. Qu'importe. Malgré le grand froid qui le persécutait et la découverte du suçon, son intérêt se concentrait uniquement sur le stylo ; un sourire se forma, perdu en plein milieu de son visage. Aucune fossette se formait, aucune pommette ne se rehaussait, juste ses lèvres féminines s'étiraient. Elles dévoilaient une dentition immaculée, certes, mais aux incisives renversées vers la droite. De là s'échappa sa langue qui s'échoua sur ses lèvres ravagées par le froid. Son visage de marbre fut placé entre ses mains. Distrait, ''il'' passa son index sous son nez fin – sans doute un rhume n'allait-il pas tarder à sévir. Une ombre passa sur ses traits, tant une idée le tourmentait et semblait impossible à retranscrire à l'écrit. Néanmoins un éclat papillonnait dans ses yeux brumeux ; seul ce détail trahissait sa jeunesse. En effet, ''il'' avait seize printemps. L'iris grisâtre de ses yeux encerclait ses pupilles dilatées par l'obscurité. Une forêt de cils qui bordaient son regard remuait à chaque battement. Ses mirettes s'abaissèrent pour fureter au niveau du sol ; ses pieds étaient ancrés sur un tapis pelucheux dont le gris déteignait de jour en jour. La main gauche s'attaquant avec fougue à sa tignasse brune, les rouages de son cerveau fonctionnait à toute vitesse. Sa chevelure bordait ses épaules et rebiquait avec nonchalance. ''Il'' plaqua sa paume contre son haut front. Puis, l'un de ses sourcils, un trait droit et un peu épais, s'arqua. Une idée s'enracinait dans son crâne, mais à son grand énervement, ''il'' ne parvenait pas à en extraire quoique que ce soit. Ses lèvres ensanglantèrent, prises en traître par un coup de dents. Sa main se mit à gratter avec frénésie son cuir chevelu jusqu'au sang. Qu'importe que des morceaux de peau pénétraient dans ses ongles si longs. D'un geste brusque, ''il'' jeta le crayon en biais. Le pauvre stylo heurta les murs grisés par le temps dans un « clong » sonore mais atterrit dans la corbeille. Elle était emplie de boulettes de papier noircies par des bouts de récits. De là, son écriture était visible. Aussi noire et élancée qu'un corbeau qui voltige en haut d'un cimetière, elle se penchait vers la droite. Ses « l » s'écroulaient sur les autres lettres tandis que son « o » était réduit à un petit rond difforme et son « s » majuscule se dressait, tel un majestueux serpent imprégné de venin. ''Il'' s'allongea à nouveau contre le lit. Son dos le martyrisait, à force de s'allonger sur son matelas inconfortable tant ''il'' était antique. Cependant, aucune expression ne le laissait paraître. ''Il''étira son bras pour récupérer un livre posé contre la table de chevet qui jouxtait son lit et dans sa rêverie, manqua de renverser sa poussiéreuse lampe à huile. Encore une fois, son visage demeura impassible. Un nouveau semblant de sourire colora son teint en observant l'ouvrage ; il s'agissait des Paradis Artificiels de Baudelaire. Sa main caressait délicatement la reliure abîmée du livre et effleurait les premières pages vierges quand un bruit perça son tympan. Pris d'un soubresaut, ses yeux papillonnèrent. Sur le qui-vive, ''il'' jeta son livre, inquiet. Et si quelqu'un était dans sa chambre ! Si quelqu'un l'épiait ! Ces pensées firent frémir le moindre de ses poils. Cependant, le calme reprit vite le dessus sur son esprit survolté : il ne s'agissait que de la pluie. Néanmoins, ''il'' se leva sur la pointe des pieds et tourna soudainement sur lui-même, comme pour surprendre son adversaire. Ce même adversaire qui n'existait apparemment pas. Personne ne l'espionnait, donc. Un champ de coquelicot s'empara de ses joues et ''il'' décida d'omettre sa honte dans la contemplation du paysage. Sa main caressait les carreaux couverts d'une pellicule de poussière avec une précaution toute particulière et c'est à peine si ses doigts n’osaient toucher les vitres. Le ciel pleurait toutes les larmes de son corps et balayait les horizons. Le froid le mitraillait désormais et ses dents s'entrechoquaient. Éperdus, ses yeux fouillaient le voisinage. Voilà la vieille Madeleine Corre qui courait se réfugier dans la grange du jeune Sévère. Les rumeurs allaient bon train sur ces deux-là. Pourtant, la plupart des gens savait que le petit Sévère se montrait agréable juste pour avoir la main de la fille de Madeleine. Cependant, toutes les granges ou habitations du coin se plaisaient à inventer des faits plus saugrenus les uns que les autres sous prétexte que la mère Corre était aussi radine qu'un pou. ''Il'' soupira en songeant aux balivernes qui circulaient. Rien de folichon, encore une fois. Enfin, tant que cela ne le touchait pas, il s'en fichait ! Peu à peu, son esprit revint à la surface de la Terre et ''il'' se retira de la fenêtre. Si quelqu'un le voyait ainsi... Autant mettre un pull. Son grand corps se retourna vers son armoire, située à trois pas de là; avec le bureau, une chaise et le lit, ils constituaient tout son mobilier. L'armoire atteignait le plafond et était d'une largeur imposante, au point qu'on aurait pu y enfermer dix grands gaillards. Depuis sa création, c'est-à-dire un siècle et demi, elle restait là, à la même place. Rien ne changeait hormis ses poignées usées et le bois en noyer qui perdait de sa superbe. Sa couleur autrefois étincelante se pliait aux sévices du temps, tout comme le reste de la chambre. Sa main s'agrippait à la poignée tandis que son bras aux veines proéminentes s'arqua. ''Il'' tira, poussa contre un des tiroirs avec grande difficulté, ce dernier se plaisant à se bloquer. Au bout de dix minutes de lutte intense contre le meuble récalcitrant, sa victoire fut de saisir à la hâte un pull. Qu'importait que celui-ci empestât le renfermé au point qu'''il'' s'en bouchait le nez en l'enfilant puisque cette odeur s'accordait au décor. Son pull se fondait dans la masse et c'est ce qui comptait. Laissant le tiroir entrouvert et s'appuyant contre l'armoire, sa pensée fut pour ses murs, renfermés dans une telle nudité, ne portant pas la moindre parure. Tellement neutre, si pur. Son regard quitta peu à peu la terre... Une idée lui vint à l'esprit ! ''Il'' s'empressa de prendre la chaise, renversée contre son bureau puis la posa au milieu de la pièce. D'un coup, ses jambes se mirent à flageoler quand son corps, ayant perdu de son assurance, s'éleva sur ce support hésitant. Il fallait se reprendre. Oh et puis, tant pis si sa tête flirte avec le plafonnier ou que la chaise risquât de casser à tout moment, tellement son bois était pourri ! Le coup en valait la chandelle. Sa tête se leva et manqua de se cogner contre la trappe. Sourire du coin des lèvres. Sa main droite serra la poignée avec hargne tandis que l'autre tremblotait, en alerte. La trappe s'ouvrit sans la moindre résistance. Ses bras courbaturés se levèrent, ses mains se plaquèrent contre un amas de poussières et ''il'' grimpa là haut. Un repère est un lieu où un groupe se retrouve. Chaque membre risque d'être convié un jour ou l'autre dans cet endroit pour partager un instant. Dans l'imaginaire de chacun, il s'agit d'un endroit où des personnes importantes aux lunettes teintées se retrouvent pour conspirer et inventer les plans les plus burlesques qu'ils soient. Néanmoins, en réalité, seuls les gamins tapageurs ou des ivrognes se regroupent communément dans un repère. Dans leur joie ou leur désarroi, ils prennent plaisir à revenir dans ces lieux, que ce soit pour les hanter ou y jouer. Ils s'y sentent comme chez eux, voir mieux encore ! Lui n'avait pas de repère et à partir du moment où un groupe se joignait à lui, l'euphorie, cette amie infidèle, le quittait. Alors, son réconfort se trouvait dans des refuges comme sa chambre ou encore le grenier. ''Il'' appréciait cette douce odeur des objets consumés par les années, ainsi que de rester des heures à écrire ou à contempler la fenêtre qui donnait sur tout le village. Alors à défaut d'avoir de l'inspiration, ''il'' s'écroula, dos à son antique bibliothèque. Ses paupières se fermèrent et son corps décharné s'enroula sur lui-même contre le parquet glacé. Il méditait. Une idée... « - Pierre ! Va faire les courses ! Et ne dépasse pas les trente francs ! hurla la voix de Mne Fumin ». C'était sa mère. Pierre Fumin maugréa contre elle mais se leva, sans grande volonté. Il fallait bien qu'elle mange ! <!-- ============= LIEN D'ACCES RAPIDE - NE PAS SUPPRIMER ============= --> <br/><hr> * [[Accueil | Retour à la page d'accueil]] <!-- ============== MISE EN CATEGORIE - NE PAS SUPPRIMER ============ --> [[Catégorie:GeoWiki/Articles]] [[Catégorie:Avatar]] [[Catégorie:Portraits GéoLittÉ]]
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