<big><big><big>L</big></big></big>a porte s'ouvrit devant elle et fit place aux toilettes des femmes. Une rangée de W.C. occupait toute la pièce. Ils étaient tous aussi sales les uns que les autres. Elle le savait car elle y allait presque tous les jours, aux toilettes de l'église. La jeune femme posa son pied à l'intérieur puis se dirigea alors à sa gauche, vers le miroir et les lavabos. Elle ouvrit le robinet et remplit ses mains de l'eau qui en sortait afin de l'étaler sur son visage, puis elle leva la tête et se mit face au miroir. Devant elle, se tenait une femme, ou plutôt une jeune fille car elle ne dépassait pas les dix-huit ans, de taille moyenne. Elle était mince, sûrement parce qu'elle ne devait pas manger à sa faim. On devinait grâce à ses vêtements sales qu'elle ne se lavait pas souvent. Ses chaussures se démarquaient de ses habits car elle venait, contrairement au reste de sa tenue, de les acheter grâce à ses économies. De couleur noire, matelassées, avec des talons plats de trois centimètres, on ne pouvait pas faire plus simple comme chaussures. Tandis que ses vêtements, eux, n'avaient pas été lavés depuis un certain temps. Elle était vêtue d'une simple veste, du même noir que ses chaussures, qu'on lui avait donnée mais aussi d'un débardeur blanc qui dépassait légèrement de son pull de couleur écrue. Son jean était troué et usé. Quant à son visage, il était rond aux traits fins. La couleur de ses yeux bleu océan tournait au gris clair. Elle tenait cette couleur d'yeux de ses parents biologiques qu'elle n'avait jamais connus. La jeune femme passa sa main dans ses cheveux, son poignet apparut alors dans le miroir. Un bracelet en argent gravé du prénom « Amy » y était accroché. Son visage dégagé, on pouvait maintenant apercevoir une cicatrice en haut de son front. Elle l'avait obtenu lors d'une de ses violentes disputes avec son père adoptif. Celui-ci la battait souvent. D'ailleurs c'est une des raisons pour lesquelles elle avait fugué de chez ses parents adoptifs il y a de cela bientôt deux ans, le jour de ses seize ans. Amy mît ses cheveux blonds d'un seul côté afin d'éviter qu'ils ne se mouillent puis elle se baissa pour boire quelques gorgées de l'eau qui jaillissait du  robinet. Enfin, après un instant de réflexion, elle le ferma. Elle décida alors de quitter l'église, pour aller vers l'habitat dans lequel elle logeait quand un de ses seuls amis, Mathias, ne pouvait l'accueillir.

<big><big><big>E</big></big></big>lle ne mit pas longtemps avant de sortir de l'église et de passer le portail. Devant elle, un paysage se dessinait et une multitude d'arbres longeait la route qui n'était même pas faite de goudron. Malgré l'état de la route, Amy ne se trouvait pas loin du bourg. Elle commença à marcher. Au loin, à quelques dizaines de mètres de là, on pouvait voir un panneau indiquant « Rue de la grève ». Cette rue était une rue de la ville de Chapet qui se trouvait à une trentaine de kilomètres de Paris. Amy passa devant le panneau et se dirigea vers un mur haut de deux mètres. Il était recouvert de plantes grimpantes qui avaient l'air solides. La jeune femme escalada le mur à l'aide de ces plantes grimpantes et arriva devant une petite maison d'à peine cinq mètres carré entièrement faite de placo et d'autres matériaux qu'Amy avait trouvé dans la rue. Autour d'elle, des déchets jetés par les passants empestaient l'air depuis un certain temps mais l'odeur ne la gênait plus à present. Elle se dirigea alors vers l'entrée de sa maison. Depuis sa fugue, Amy attend d'être majeur pour pouvoir partir aux États-Unis et enfin rencontrer ses parents biologiques. Et pour pouvoir payer le voyage, elle s'était procurée une boîte dans laquelle elle mettait toutes ses économies. Cette boîte était cachée dans une des trois pièces de sa fausse maison. Mais pas n'importe où dans la pièce, elle l'avait enterrée dans un coin afin d'être certaine que personne ne puisse la trouver, à part elle. Arrivée à l'intérieur du logement, elle alla en direction de la pièce où se trouvaient ses économies. Elle passa dans une pièce d'un mètre carré environ, oppressante et étouffante, composée seulement d'une boîte en carton où elle rangeait ses chaussures. Cette pièce servait surtout de hall d'entrée pour séparer les deux pièces les plus importantes de sa petite  maison. Puis elle arriva enfin dans sa « chambre ». Un courant d'air effleura alors sa peau ce qui lui donna la chair de poule. En effet, un des murs en placo avait un défaut et laissait passer l'air dans la pièce. Elle mesurait à peu près deux mètres carrés. Un matelas était disposé au fond et un placard miniature fait à partir de carton s'y rattachait. Amy se précipita à sa droite, à côté du placard, et souleva le tapis. Elle creusa à l'aide de ses mains jusqu'à saisir une boîte qu'elle ouvra directement après. Une liasse de billets de vingt euros, mais aussi de dix euros, la remplissait. Il devait y avoir en tout trois cent euros.

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